Arrêter de réinventer la roue
Dés le début, nous voulions être clair: Canal d'Accroche ne sera pas un projet où on invente une énieme manière de se ré-approprier l'espace public, mais sera une fusion entre deux projets et méthodologies déjà testés et existantes: Table d'Accroche d'Intérieur Urbain et Vélo M2.
Car trop souvent des projets novateurs font l'erreur de vouloir réinventer la roue. Nous avons donc opté de continuer nos recherches via les outils existants. Le but étant d'améliorer la rencontre spontanées entre personnes dans l'espace public et de les motiver à prendre eux-mêmes l'initiative pour activer leur quartier.
Une tâche déjà très difficile en soi, mais qui ne nous
a quand même pas empêché de faire une petite erreur de parcours. Après un temps, nous avions besoin d'une charrette pour transporter plus de modules. Vu que notre vélo était du fabriqué sur mesure nous pensions faire la même chose pour la charrette, malheureusement nous avons perdu de l'énergie et du temps précieux sur peut-être une partie du projet que nous n'aurions pas dû faire. Du même fait, nous avons pris conscience que d'innover sur presque tous les aspects d'un projet 'aliénise' une partie du public. L'innovation c'est bien, mais que par petite dose!
La rencontre spontanée
L'idée de la rencontre spontanée vient d'un principe créé par le collectif Soft Revolution nommé ' l'action spontanée ' et a comme but de créer des nouvelles opportunités via des actions portées par le destin. Un simple exemple est d'aller chez un glacier et de demander une glace avec le goût favori de la personne qui vous sert, vous allez voir, ça va créer des possibilités intéressantes que vous n'auriez jamais pensé.
Avec la rencontre spontanée, nous voulions connecter avec les gens qui ne sont pas (encore) représentés par des organisations locales, ou qui simplement n'ont pas encore d'encrage dans le quartier. Le vélo et ses modules un peu bizarres s'y apprêtent bien, car la curiosité dans l'humain fait
son boulot, et la question: 'à quoi ça sert?' tombe très vite. Ceci n'est bien-entendu qu'un prétexte pour débuter la conversation. On apprend comme ça qu'un migrant aime beaucoup les plantes et nous lui donnons la tâche de s'occuper des tomates. Un jeune capitaine de foot trouve un intérêt certain dans la construction et nous rencontrons une famille dont le fils va s'inspirer de l'accroche pour en discuter à l'école. Pleins de rencontres comme ceux-ci ont créé un tissu social avec quoi nous avons pu organiser le workshop. Bien sûr ce n'est pas un outil absolu, mais la rencontre spontanée via l'émerveillement peut être un bon début pour apprendre à connaître de nouvelles personnes dans le quartier.
Créer la disruption
La disruption suit un peu la logique de la rencontre spontanée, mais va aussi plus loin. Créer la curiosité en montrant des possibilités inconnues réveille en chacun l'envie d'ordonner ces possibilités. En faisant cela la personne crée de nouvelles idées.
Nous en avons fait l'experience en Septembre 2016 où notre projet a titillé la curiosité de YOTA, une organisation d'activation des jeunes dans le quartier du canal. Ils se demandaient s'ils pouvaient utiliser l'imprimante 3D pour une action autour du traffic près de la maison de quartier. L'idée était de créer des faux triangles de traffic et de peindre un passage piéton. Avec notre vélo et le module 3D nous avons créé des stencils pour faciliter la création des triangles.
Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Car en créant cette nouvelle disruption, ce workshop civic, les organisations du quartier ont vu et compris le problème des jeunes. Ceci a créé un objet de discussion et continue à l'être. C'est à ça que sert la disruption, a lancer le débat sans être trop intrusif.
Open Source
Pas à pas, le principe de l'Open Source se développe dans tous les domaines. Et nous aussi avons choisi de baser nos projets sur la philosophie Open Source. Mais qu'est-ce?
L'Open Source a comme principe d'ouvrir l'accès au code source de projet. Dans le software c'est simple: tout le code est mis à disposition pour que d'autres l'utilisent. Dans la création d'outils, c'est un peu plus compliqué. Le but à la base est de documenter tout le processus de création, pour que d'autres gens puissent le répliquer et l'améliorer. Notre exemple est la création du module café.
Mais l'Open Source va plus loin, c'est aussi un outil
de partage d'idées et de connaissances. C'est pour cette raison que nous avons aussi créé la carte avec toutes nos ressources utilisées. Le mot ressource peut être vu d'un sens très large: les gens rencontrés, les projets, les espaces, les magasins où nous avons acheté les produits... L'Open Source ce veut être un outil pour que chacun a la facilité de prendre l'initiative soi-même. En fait, tout ce site est notre méthode partagée avec vous.
La Collaboration
Un autre pilier de Canal d'Accroche est l'importance que nous donnons à la création de collaborations. Nous voulions être à l'écoute du quartier et être le vecteur de nouvelles formes de collaborations.
Nous nous sommes rendus compte que c'était un boulot de longue haleine, mais que ça valait la peine. Une des premières collaborations qui s'est faite était d'ouvrir le petit jardin à coté du CPAS au quartier et à 'Au Quai' qui a pu s'approprier l'espace pendant l'été pour l'utiliser pour leurs propres projets.
Avec le module cinéma, nous avons collaboré avec Cultureghem sur leur GhostWalks. Notre plus grande réussite à été de travailler avec iMal sur un
workshop avec les gens du quartier. L'importance est de bien saisir l'intention de chacun et de mettre sur table dés le début quelles sont les attentes de chacun, une chose que nous avons apprise tout au long du projet. Les collaborations ne sont pas toujours faciles, mais ils sont essentielles à l'evolution d'une société.
L'espace public
On pourrait écrire un livre entier sur l'importance de l'espace public pour la santé des habitants, mais à la place nous avons choisi d'expérimenter encore et encore.
Canal d'Accroche est le rassemblement de deux principes chers à chacun des projets derrière.
D'un coté, il y Intérieur Urbain qui veut transformer l'espace à l'aide d'outils fabriqués selon le lieu. De l'autre, il y a Vélo M2 qui veut apporter n'importe où dans l'espace public des modules interchangeables d'un mètre carré pour occuper l'espace.
Au final on veut prouver qu'on a pas besoin de